Disponibles depuis les années 1994, les néonicotinoïdes sont les insecticides les plus utilisés dans le monde par quasiment toutes les filières agricoles. Considérées en leur temps comme révolutionnaires, elles jettent à présent l’opprobre sur l’agriculture conventionnelle, accusée d’être trop dépendante de l’agrochimie. Mais quelles sont ces substances si controversées ? Quels sont leurs effets sur l’environnement et sur la santé ? Et où en est la France dans ce débat, qui oppose souvent les industriels du secteur et les écologistes ? Retrouvez tous les néonicotinoïdes avec la liste des produits.
Les néonicotinoïdes : Définition
Les néonicotinoïdes sont des pesticides neurotoxiques de la classe des insecticides utilisés en agriculture, destinés à protéger les cultures des insectes et de leurs larves, notamment les chenilles, les cochenilles et les pucerons. Les néonicotinoïdes sont mis au point par l’agrochimie et regroupent sept molécules issues de la nicotine. Pour garantir leur efficacité, ces substances chimiques ne sont pas pulvérisées dans les champs, mais on utilise la technique de l’enrobage de semence. La graine est traitée avant même d’être semée, dans un processus de protection dite « systémique », c’est-à-dire que la molécule insecticide accompagne la plante durant toute la pousse.
Les 7 néonicotinoïdes
Avec les néonicotinoïdes, la liste des produits en contient 7 :
- L’acétamipride, utilisé dans de nombreuses formules différentes telles que le Suprême, le Polysect, le Bambi, l’Équinoxe, l’Assail, Le Pristine ou le Chipco ;
- L’imidaclopride, utilisé dans le Gaucho, le Confidor, le Provado, l’Advantage et le Premise ;
- Le thiaclopride, utilisé dans le Proteus ;
- Le thiaméthoxame, utilisé dans le Cruiser, l’Actara, le Luzindo ;
- La clothianidine utilisée dans le Poncho ;
- Le dinotéfurane, utilisé dans le Dinotefuran ;
- Le nitenpyrame, surtout utilisé pour le traitement parasitaire externe du bétail et des animaux domestiques.
Les cinq premiers produits de cette liste sont interdits en France depuis le 1er septembre 2018. De la même façon, seuls le dinotéfurane et le nitenpyrame sont autorisés par l’Union européenne. Cependant, par dérogation accordée jusqu’en 2023, la France a récemment autorisé les betteraviers à poursuivre l’utilisation de substances néonicotinoïdes. Cette filière souffre en effet de n’avoir pas encore trouvé de solution efficace de remplacement pour le traitement de ses cultures.
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Les « tueurs d’abeilles »
C’est ainsi que l’on surnomme à présent les néonicotinoïdes avec la liste des produits. L’utilisation des néonicotinoïdes a envahi la planète dans les années 1990, et suite à cet usage massif, les apiculteurs constatent depuis plusieurs années une chute inquiétante du nombre de colonies d’abeilles. Agissant directement sur le système nerveux central des insectes, ces insecticides affectent leur mémoire et leur sens de l’orientation. Les abeilles s’égarent et ne retrouvent plus leur ruche. Ce phénomène est responsable de la disparition de 300 000 colonies d’abeilles chaque année. L’UNAF, l’Union Nationale de l’Apiculture française, interpelle depuis 25 ans les pouvoirs publics sur l’impact environnemental désastreux de ces substances. D’ailleurs, ce ne sont pas uniquement les abeilles qui sont touchées par ce fléau, mais l’ensemble des espèces pollinisatrices.
Néonicotinoïdes : quels effets sur la santé et l’environnement ?
Les néonicotinoïdes perturbent l’équilibre de la biodiversité. Non seulement en décimant les insectes pollinisateurs mais également en agissant de façon plus insidieuse. En effet, ces substances sont très faiblement biodégradables du fait de leur action systémique. Leurs effets se prolongent dans le temps et dans l’espace agricole bien plus longtemps qu’il faudrait, empoisonnant les sols et les nappes phréatiques de façon durable. Par ailleurs, beaucoup d’animaux qui n’étaient pas visés par les traitements aux néonicotinoïdes s’en trouvent tout de même affectés. Outre les insectes volants, ce sont également les invertébrés et les mangeurs d’insectes qui sont impactés, comme les rongeurs ou les oiseaux, ainsi que la faune aquatique. Ce sont alors de nombreux écosystèmes qui s’effondrent, accentuant le déséquilibre en entraînant à son tour d’autres disparitions de maillons importants au maintien de la biodiversité. Au sommet de la chaîne alimentaire, l’être humain absorbe lui aussi ces substances au travers de son alimentation. On retrouve des néonicotinoïdes dans les fruits et légumes, dans les céréales, dans les boissons, dans les œufs… Les matériaux de construction traités chimiquement contiennent également des néonicotinoïdes. De nombreuses études sont actuellement menées pour connaître les impacts de ces substances sur notre santé.
L’industrialisation de l’agriculture a donné lieu à une surexploitation des sols, à une surproduction inutile et à une expansion continue des surfaces cultivées. Censée éradiquer les famines, cette méthode a manifestement échoué et ne fait plus rêver. Un retour à l’essentiel est à présent au cœur des débats, avec la mise en place de pratiques plus vertueuses et plus respectueuses de l’environnement.